Tal'den, le Donneur
Il y a 1000 ans, un jeune homme du nom de Méasor
apparu sur un monde dévasté et conduit quelques survivants dans
une lutte farouche destinée à rendre cette terre habitable. Il choisit
alors douze autres personnages qui selon lui sortaient de l’ordinaire
qu’il érigea bien malgré eux au rang de symboles, leurs actions
exemplaires devant servir d’inspiration à tous les autres. Il parvint
ainsi à réaliser une œuvre unique : la création d’un monde habitable
ex-nihilo !
Dix siècles plus tard les descendants de ces premiers
hommes ont perdu conscience de ce qu’étaient après le cataclysme.
Comment auraient-ils pu comprendre, eux qui sont nés dans un monde
si paradisiaque ? Je fais partie de ceux qui ont foulé la terre
d’Az-gan en ces temps éloignés, et
cette mémoire tragique restera à jamais gravée en moi… D’après ce
que j’ai entendu, la sagesse de Méasor
semble peu à peu l’avoir éloigné des expectatives de son peuple.
Peut être en avait-il assez d’occuper cette position de pouvoir
que la nécessité seule l’a forcée à accepter. Peut-être était-ce
déjà l’œuvre sournoise de perversion du dragon
noir. Ou peut-être était-ce simplement que ce qui fut valable
il y a mille ans ne l’est plus dans ce monde si nouveau. Cet homme
a désormais rejoint les étoiles du firmament. Il est vaillamment
tombé dans un combat sans espoir pour protéger une fois de plus
son peuple, et mon souhait est qu’à jamais les hommes se souviennent
de l’œuvre de celui qui fut mon vieil ami.
Mais c’est également un peuple plus démuni que jamais
qu’il laisse derrière lui pour faire face à la pire menace de toutes.
Sa Splendeur le Dragon Noir, jadis
bannie dans sa prime jeunesse par les huit, a été libérée sur notre
monde. Jamais notre existence n’a été aussi éphémère et jamais notre
besoin d’être unis aussi grand. Car c’est à vous qu’appartient désormais
votre destin, peuples d’Az-gan. Et
le futur de ce monde dépend de votre volonté et d’elle seule.
Les événements récents de la
terre des égarés m’ont ramenés en ces lieux pour continuer
mon œuvre : soigner ceux qui souffrent en leur communiquant ma force
vitale, faire de mon mieux pour que ma flamme éclaire les voies
que vous pouvez parcourir. Mais à la mort de mon vieil ami Méasor,
plutôt que de laisser les peuples en proie à une désorganisation
qui eut été fatale, j’ai souhaité intervenir en proposant à tous
une solution de compromis qui paraissait acceptable : la formation
d’un conseil représentatif de tous les peuples d’Az-gan
composé de neuf sièges qui héritera de l’ensemble des pouvoirs de
décision. Les modalités de son fonctionnement vous seront expliquées
ailleurs. Ce qui prime, ce sont les engagements solennels de ce
conseil : celui de veiller à la survie des peuples d’Az-gan
dans l’unité.
Cette solution fut acceptée de tous les présents
et un conseil provisoire fut nommé. Mais il est impossible de passer
d’un état fort et centralisé comme jadis à un système aussi embryonnaire,
surtout en temps de crise. Az-gan doit
encore être représenté par un être et un seul, un être qui pourra
parler au nom de tous les autres et prendre rapidement les décisions
qui s’imposent, un protecteur garant des principes fondamentaux
de l’union des peuples et de la lutte contre le chaos éternel. Je
ne suis pas – et de loin – le meilleur choix pour remplir cette
lourde tache. Comment pourrai-je prendre les décisions qui coûteront
des milliers de vie alors que j’ai dépensé la mienne à sauver celle
des autres ? Et à la vitesse ou je donne mes forces aux autres,
combien de temps pourrais-je encore l’assumer ? Pourtant si on me
l’a proposée c’est que peut-être mes actes ont de nouveau été source
d’inspiration pour certains, qui sait.
Et si je l’ai acceptée c’est que seul un être symbolique
aux yeux de tout Az-gan pourra se porter
garant l’unité en ces temps difficiles, et j’étais le seul de ceux-ci
présents. Mais que tous se souviennent que Méasor
a fait de moi un héros et que si je peux assumer cette position
aujourd’hui c’est grâce à lui. Peut-être qu’il y a bien longtemps
il avait déjà prévu ce qui arriverait, qui sait… Mais je tiens à
ce que tous sachent qu’en parcourant les replis du temps de ma vision
brûlante, je n’ai pu apercevoir que deux alternatives pour les jours
à venir : l’Alliance, ou le Chaos Éternel !
Tal’den, le Donneur.
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